Quand les startups veulent protéger l’environnement

L’écologie et la protection de la planète sont sur toutes les lèvres depuis quelques années. Si la grande majorité des populations se préoccupent du futur, des entrepreneurs viennent apporter leurs solutions pour aider à la transition écologique et participer à la construction d’un monde responsable et pérenne. La rédaction de Fred a choisi de mettre à l’honneur cinq startups qui accompagnent la France à la création d’un futur plus vert.

La France a mis du temps avant de s’inquiéter de l’impact environnemental de ses modes de production et ses habitudes de consommation. Pendant les Trente Glorieuses, dans une France en pleine croissance, les français se souciaient plus de la dernière voiture en vogue produite dans des usines ultra polluantes que de l’écologie. Petit à petit, les villes deviennent de plus en plus polluées, de plus en plus sales, les usines rejettent fumées, produits chimiques et déchets sans vergogne. Dans les années 70 c’est le déclic. En 1972, le rapport Meadows avertie de l’épuisement des matières premières. La même année les Nations Unies se rassemblent à Stockholm pour débattre pour la première fois sur des questions environnementales internationales. Mais pour les populations des pays développés, ces questions sont loin d’être au centre des préoccupations. Cette prise de conscience environnementale a commencé à s’immiscer dans les esprits à la fin de cette période faste, lors du premier choc pétrolier de 1973.  Depuis lors les mises en garde d’ONG, d’associations et de gouvernements se multiplient, tout comme les sommets internationaux pour trouver des solutions. En 1984, le rapport Brundtland apporte le terme « développement durable » à l’Assemblée générale de l’ONU qui « répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». 

De la prise de conscience aux actions internationales

Au fil des années la France rattrape son retard en utilisant et développant des infrastructures de production d’énergies renouvelables ou en proposant des lois pour limiter notre production polluante par exemple. D’ailleurs, sur les questions environnementales, l’Hexagone est aujourd’hui bonne élève comme le révèle le classement biannuel de l’Indice de performance environnementale de l’université de Yale qui nous classe deuxième derrière la Suisse. Une des préoccupations majeures des gouvernements est bel et bien le réchauffement climatique résultant de l’industrialisation polluante utilisée depuis la Révolution Industrielle. Pour pallier cela, les pays ont engagés un véritable combat contre la hausse des températures. En 2015, la 21ème édition de la COP (conférence internationale sur le climat qui réunit les États engagés depuis 1992 par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques) se tient à Paris où se négocie un accord historique, l’Accord de Paris. L’objectif de celui-ci est de maintenir l’augmentation des températures en dessous des 2 degrés en prenant les dispositions nécessaires pour relever ce défi. À cela s’ajoutent d’autres préoccupations écologiques qui impactent directement notre planète, société et économie : gaspillage, déforestations, mauvais recyclage, pollution des eaux… La liste est longue comme le bras. Comme les problèmes écologiques sont régulièrement pointés du doigt, les populations prennent également de plus en plus conscience qu’elles ont une part de responsabilités. Ainsi, de plus en plus d’acteur se positionnent pour la protection de la planète.  

L’émergence de startups vertes

En France, de nombreuses startups ont vu le jour depuis quelques années dans le secteur de la CleanTech, de la GreenTech ou de l’économie collaborative et circulaire. Soutenues par le gouvernement, les villes et les incubateurs, ces entreprises se positionnent sur le créneau environnement en proposant d’utiliser la technologie pour répondre aux problématiques écologiques.

Grâce à leurs innovations, elles tentent de participer à la préservation de l’environnement tout en développant un business model viable.

Il y a pléthores d’exemples de startups dans ce secteur-ci. Certaines cherchent à améliorer les déplacements urbains et ruraux ou replantent des arbres, d’autres veulent optimiser la gestion et le tri des déchets grâce à des poubelles intelligentes et connectées ou même économiser l’eau des toilettes !

Le Ministère de la Transition écologique et solidaire investit également dans le développement de ces jeunes pousses. Elle a lancé en février 2016 « GreenTech Verte » qui a pour mission de « développer de nouveaux usages et services pour les citoyens grâce à l’exploitation de données ouvertes et aux outils numériques » et ce, dans tous les domaines concernés par la transition écologique (énergies renouvelables, bâtiment durable, économie circulaire, biodiversité..). À l’aide de hackatons, de concours d’innovateurs et d’appels à projets, l’initiative ouvre son réseau d’incubateurs aux startups lauréates afin de les accompagner dans leur développement. Les startups réunies sous la GreenTech Verte constituent une véritable communauté qui œuvre pour construire la société écologique de demain.

Pour mettre à l’honneur ces initiatives essentielles, Fred a décidé de vous présenter cinq startups dans différents secteurs qui agissent pour l’environnement et participent à la transition écologique de la France.

FAGUO la marque de mode qui replante des arbres

Peut-on faire rimer baskets, design et écologie ? Eh bien FAGUO l’a fait. Frédéric Mugnier et Nicolas Rohr lancent en 2009 leur marque de chaussures alors qu’ils sont encore étudiants. Devant l’obligation d’effectuer un stage, les deux amis décident le faire dans leur propre boite et la baptise « FAGUO », « France » en chinois. Mais au lieu de faire comme tout le monde, ils décident de faire de leur startup une entreprise engagée. Soucieux de la protection de l’environnement, ils souhaitent ajouter leur pierre à l’édifice dans la lutte contre le réchauffement climatique et entament une démarche éco-responsable. Ils s’engagent en effet à calculer leurs émissions de gaz à effet de serre afin de réduire leur empreinte carbone et donc l’impact de leur production sur l’environnement. Un souhait accompagné par la Fondation GoodPlanet, créée par Yann-Arthus Bertrand qui effectuée en 2016 leur Bilan Carbone®. Dans cette continuité, la marque utilise des packagings en carton recyclé sans colle et misent sur le transport maritime pour transporter sa production. FAGUO va même encore plus loin puisqu’elle s’engage à replanter un arbre pour chaque produit acheté. Il s’avère en effet que les arbres sont essentiels à l’environnement et ce, à plusieurs niveaux : ils favorisent la biodiversité, filtrent les produits polluants et les métaux lourds contenus dans l’eau, emprisonnent le CO2 contenu dans l’atmosphère, luttent contre le dérèglement climatique… Bref, vous l’aurez compris, les arbres sont bien plus que seulement le « poumon de la planète ». Pour ce faire, FAGUO travaille depuis 2009 avec le Groupe Pépinières Naudet et s’associent avec des entreprises privées et des propriétaires fonciers afin de boiser ou reboiser des terrains. D’ailleurs, depuis presque 10 ans, leurs engagements ont permis de planter plus d’un million d’arbres, soit 900 hectares de forêts dans toute la France. Aujourd’hui FAGUO est devenue une vraie marque de mode et s’active toujours dans sa démarche éco-responsable.  

Too Good To Go fait de vous un héros de l’anti-gaspi

Dans notre société d’ultra consommation, le gaspillage est un véritable fléau. Selon les chiffres du Monde, en France nous gaspillons 10 millions de tonnes de nourriture par an, ce qui représente 29 kg par personne soit un repas par jour ! Pour ce qui est du monde entier, n’en parlons même pas. C’est pour cette raison que Lucie Basch décide de remédier au problème et lance Too Good To Go en juin 2016. Impliquée dans l’économie collaborative et circulaire, son objectif est de faire de chacun un acteur de l’anti-gaspi, une sorte de héros des temps modernes quoi. Son idée ? Une application pour smartphone qui va mettre en relation les particuliers avec des restaurants, hôtels, traiteurs pour pouvoir proposer leurs invendus à des prix défiant toute concurrence. C’est gagnant-gagnant pour les deux parties puisque d’un côté le client repart avec un vrai « panier surprise » à prix mini, et le commerçant ne jette plus ses invendus et arrondie même ses fins de mois. Pour pouvoir bénéficier d’un délicieux repas, l’application vous géolocalise et vous propose tous les restaurateurs partenaires à proximité. Ensuite vous choisissez le restaurant de votre choix, payez via votre smartphone et allez chercher votre sésame à l’heure indiquée. Voilà, votre repas anti-gaspi en quelques clics. De plus, Too Good To Go propose aussi la possibilité d’aider les personnes dans le besoin. Avec « Donne à un sans-abri » vous pouvez donner 2 euros via l’application et un repas sera collecté et donné à une personne nécessiteuse. Le succès est au rendez-vous pour la startup puisqu’elle compte déjà plus de 800 commerçants partenaires, plus de 250 000 utilisateurs et est présente dans d’autres pays européens. Engagée à défendre les causes sociales et environnementales, Too Good To Go est également partenaire d’Action Contre La Faim, une association qui vise à éradiquer la faim dans le monde et Bon pour le Climat qui aide les commerçants à réduire l’empreinte carbone de leurs plats. Le travail de la jeune startup a d’ailleurs déjà été récompensé puisqu’elle a gagné en 2017 la médaille d’or au jury de La Nuit de l’économie collaborative et a notamment séduit Eric Kayser.

YOYO la startup qui incite tous les foyers à trier le plastique

Le gouvernement français s’est donné pour objectif de recycler 100% des déchets plastique d’ici 2025. Cependant joindre l’action à la parole est plus facile à dire qu’à faire. Recycler correctement permet de réduire notre impact environnemental c’est pourquoi des startups spécialisées dans le recyclage ont vu le jour, comme Yoyo. Créée en 2017 à Lyon par Eric Brac de La Perrière, Yoyo est une plate-forme collaborative de recyclage d’emballages plastique. Son plus ? Faire de l’écologie positive en incitant au tri grâce à des récompenses. Son fonctionnement est simple : la plateforme en ligne met en relation des trieurs (des particuliers) et des coachs (des commerçants, restaurateurs…). En s’inscrivant en ligne, le trieur reçoit de son coach un sac en plastique recyclé brandé Yoyo qui est destiné à contenir tous les emballages plastiques que ce dernier utilise au quotidien. Lorsque le sac est plein, le trieur va tout simplement le rapporter chez son coach attitré qui va vérifier que celui-ci contient les bons plastiques. En effet, pour l’instant, Yoyo n’accepte que les plastiques transparents non colorés qui portent la mention « PET ». Les sacs sont ensuite récupérés par la Poste qui se charge d’apporter et vendre le tout à des entreprises spécialisées dans le recyclage des bouteilles plastique. À chaque collecte, le trieur tout comme le coach reçoivent des points qu’ils peuvent librement dépenser parmi les récompenses que propose Yoyo, que ce soit une place de concert, un abonnement d’un mois à un cours de Yoga ou une place de cinéma. Forte d’une première levée de fonds de 2 millions d’euros, la startup n’est pour l’instant présente qu’à Lyon, Bordeaux, Mulhouse et Marseille mais continue de se développer et prévoit d’étendre le recyclage à bien d’autres matériaux. Sachant qu’une tonne de plastique PET recyclée permet d’économiser 2,29 tonnes en CO2, on a hâte de voir Yoyo se développer à l’échelle nationale.

K-Ryole et sa remorque intelligente

Les voyages permettent de nous vider l’esprit, mais parfois ils provoquent un véritable éclair de génie. Gilles Vallier souhaitait travers l’Amérique du Nord jusqu’à l’Amérique du Sud en vélo avec un ami, cependant un problème logistique s’est posé : comment transporter toutes leurs affaires pendant 1 an avec leurs vélos ? C’est ainsi que l’idée d’une remorque électrique lui est apparue. Il fonde alors K-Ryole, la remorque électrique intelligente qui s’adapte à tous les vélos. Destinée en priorité aux professionnels tels que les artisans, les commerçants ou encore les professionnels du bâtiment, elle devient un véritable allié au quotidien en palliant tous les problèmes que peuvent rencontrer ces derniers lorsqu’ils sont en déplacement : finis les embouteillages, finis les heures à tourner en voiture pour trouver une place de parking. Mieux encore, finis les dépenses en carburant et les émissions de CO2. Pensée pour rouler sur les pistes cyclables et dans tout milieu urbain, la remorque peut transporter jusqu’à 250 kg et se « clipse » sur n’importe quel vélo, électrique ou non. Mais qu’en est-il du poids et de l’inertie qu’il crée en freinant ? La remorque résout également ce problème puisqu’elle est munie de moteurs électriques, d’un capteur entre le vélo et la remorque et d’une intelligence embarquée. En effet, le cycliste n’a aucuns soucis à se faire, qu’il freine, qu’il soit en pente et quelle que soit la charge, la remorque s’adapte à la vitesse du vélo et il ne sent absolument pas la cargaison qu’il transporte. Pratique, écologique et économique, elle a une autonomie de 70km et se recharge en 5 heures sur une prise classique. La solution de Gilles Vallier a déjà séduit bon nombre de professionnels puisque La Poste, Leroy Merlin ou encore Franprix l’ont déjà adoptée. La startup a d’ailleurs déjà été primée plusieurs fois, obtenant notamment le Talent du Vélo catégorie « Entrepreunariat », décerné par le Club des Villes et Territoires Cyclables lors du Salon du Transport Public 2018. K-Ryole a également récemment rejoint l’incubateur Ville Durable de Paris&Co pour continuer son développement et propose déjà cinq types de carrioles personnalisables faits en France afin que personne ne se sente délaissé.

Stockage d’énergie renouvelable, la technologie de Sylfen

Un futur qui utilise des énergies 100% renouvelables c’est ce sur quoi planchent des milliers d’ingénieurs et de chercheurs aux quatre coins du monde. Si la production d’électricité via ces énergies est une méthode acquise depuis longtemps, il reste néanmoins un problème majeur à résoudre : sa conservation. En effet, les énergies renouvelables sont soumises au gré de la nature et il est par conséquent impossible de produire de l’électricité quand les conditions ne sont pas réunies L’idée est donc de stocker le surplus créé pour qu’il soit utilisable lorsqu’il n’y a plus de soleil ou de vent par exemple. Et c’est ce sur quoi travaille Sylfen. Nicolas Bardi créé sa startup en 2015 à Grenoble après 15 ans au CEA (commissariat à l’Énergie atomique et aux Énergies alternatives) avec lequel il dispose d’une licence exclusive mondiale. Sylfen développe des solutions de stockage et de production d’énergie en accord avec le mouvement de transition énergétique pour que les bâtiments soient autosuffisants en électricité toute l’année. Sa solution phare, « Smart Energy Hub » est une innovation protégée forte de 10 ans de recherches et développement et de 22 brevets déposés basée sur une technologie de rupture. Pour simplifier, des panneaux photovoltaïques sont installés sur un bâtiment qui vont transformer l’énergie solaire en électricité. Si les panneaux produisent trop, le surplus va recharger des batteries qui prendront le relais lorsque la luminosité sera insuffisante. Le surplus restant d’énergie solaire, lui, sera transformé en hydrogène qui sera chargé de produire l’électricité manquante et de la chaleur, en toute sécurité. Concrètement, Sylvain Bardi estime que les bâtiments équipés de sa solution pourront réduire de moitié leur facture d’électricité en n’utilisant que des énergies respectueuses de l’environnement. Encore au stade de démonstrateur, Smart Energy Hub est en train d’être testé chez un partenaire industriel en région parisienne et cherche à lever entre 3 et 4 millions d’euros pour sa phase de pré-industrialisation. Mais la startup séduit déjà puisqu’elle a récemment obtenu la mention spéciale du jury pour sa technologie de rupture et la catégorie « Smart Building » dans la catégorie Energies renouvelables du Gimélec.

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